M. Abdelhamid Yala, Foton Algérie : « Il faut discipliner le marché mais pas le bloquer »

M. Abdelhamid Yala, Foton Algérie
M. Abdelhamid Yala, Foton Algérie

M. Abdelhamid Yala, Foton Algérie

« Il faut discipliner le marché mais pas le bloquer »

L’année 2015 a connu plusieurs chamboulements qui ont contraint l’ensemble des concessionnaires à revoir leurs copies. Les pouvoirs publics ont décidé de « sévir » en imposant un cahier des charges obligeant les acteurs du marché automobile à s’y conformer ; résultat, trois mois après, aucune commande n’a été passée pour les constructeurs. Les représentants des marques en Algérie ont travaillé sur stock pour ceux qui en avaient, alors que pour les autres, c’est la dèche  tout simplement, ce qui a occasionné des licenciements dans certains cas. Du jamais vu depuis les ouvertures économiques. A cela s’ajoutent le plafonnement du marché national, fixé à 400 000 véhicules à importer par an, ensuite l’instauration des nouvelles taxes pour l’achat de véhicules neufs allant de 100 000 DA à 300 000 DA, selon l’energie et la puissance du modèle. La première réaction des concessionnaires, du moins pour ceux qui sont adhérents dans l’Ac2a, même si elle a été un peu lente ou peu significative, est d’élire un nouveau président ; une manière de changer de stratégie avec une nouvelle tête aux commandes. Le nouveau boss de l’Ac2a, qui n’a pas encore dévoilé ses grands axes, s’attachera, du moins pour le départ, à reprendre langue avec les pouvoirs publics et essayera, par la-même, de trouver une solution afin de minimiser les dégats. Pour cela, L’Auto-marché a pris contact avec l’un des pionniers des concessionnaires qui a grandement contribué à faire évoluer le marché automobile. Il a été derrière le lancement de la marque nippone, à savoir Toyota-Algérie. Sa perspicacité a permis au Pick-Up Hilux de dominer le marché national depuis maintenant quinze années. Ce modèle du segment des utilitaires reste indétrônable malgré la panoplie des marques de grands constructeurs. Abdelhamid Yala, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a bien voulu répondre à nos questions afin de nous donner son point de vue sur les nouvelles mesures ainsi que son analyse du marché devant une telle crise. Ce polytechnicien de formation ne semble pas inquiet quant à cet état de faits. Et même s’il en parle avec beaucoup de prudence, cela ne l’a pas détourné de son activité principale, puisqu’il y a à peine quelques mois, et en plein chamboulement, il lance Foton, une marque asiatique du constructeur chinois, qui pour le moment il présentera une gamme assez large dans l’utilitaire. Suivons l’entretien.

•• L’auto-marché : Avant toute chose, nous aimerions vous faire réagir aux dernières évolutions du marché automobile, nouvelle loi définissant un véhicule neuf, limitation des importations, investissement, etc.
M. Abdelhamid Yala : Beaucoup de marques cohabitent avec des normes différentes. Certaines marques proposent des produits que je ne peux pas qualifier d’auto ; ce sont des boîtes animées par un moteur, représentant un réel danger sur les routes. Pour cela, il faut, certes, discipliner le marché automobile par un cadre réglementaire et établir des lois de sorte à protéger le consommateur et l’environnement dans lequel évolue l’activité. Mais cela ne devrait pas bloquer l’activité. A présent, il faut dire qu’aucun véhicule n’a été commandé depuis 3 mois. La machine grince quelque part, il n’y a pas de synchronisation entre les divers départements administratifs y affèrents dans la chaîne de l’importation jusqu’à la vente.

Le marché a été plafonné à 400 000 véhicules/an ; qu’en pensez-vous ?
 Si on veut réduire le nombre de véhicules, c’est à travers des textes que cela doit se faire. Maintenant, si on veut le plafonner à 400 000, la question à se poser et comment cela pourrait-il être possible et avec quelle modalité d’application. Il n’y a pas différentes manières de réduire les importations autrement en agissant sur les différentes taxes : VN, TVA, etc.

•• Justement, « décréter » le marché à 400 000, ne pensez-vous pas que c’est déjà dans la proportion actuelle du marché bon an ?
Ce n’est pas le chiffre plafonné qui est important, c’est la manière d’agir et d’impacter cette décision sur le terrain. Du moins pour le moment, ce n’est pas encore clair ? Revenons au chiffre, celui-ci ne sera pas atteint en 2015 pour plusieurs facteurs, dont la dévaluation du dinar.

•• Il y a eu du nouveau au niveau de l’ Ac2a ; êtes-vous déjà dans l’association en tant que distributeur de Foton ?
Non, justement, nous avons émis le vœu d’adhérer à l’ancien président sortant de l’Ac2a, mais ce dernier n’a pas accepté en raison que nous sommes représentant d’une marque chinoise. Il y a eu décision de sa part de ne pas faire adhérer les sociétés chinoises. Je compte poser la question au nouveau président.

•• Pourquoi, d’après vous, on n’admet pas les marques chinoises ? Vous ont-ils donné des raisons ?
Je ne sais pas réellement pourquoi, mais je compte bien voir cela avec le nouveau président. L’association doit fédérer tous les concessionnaires remplissant des condition bien déterminées. Celui qui répond aux exigences du statut doit pouvoir y souscrire. Je pense que c’est un malentendu qu’on devra lever très rapidement.

•• Je voudrais revenir à la nouvelle marque que vous venez de lancer. Avant cela, vous étiez le parton de Toyota Algérie, que vous avez introduit et positionné au plus fort son pick up. En somme, vous êtes derrière le succès du Hilux. Maintenant, on vous voit venir avec un produit similaire, d’une autre marque, avec des ambitions de challenger sur le segment et voir porter sur le Tunland podium des meilleures ventes…
(Rire) Il y a un marché pour chaque produit. Le Hilux a fait ses preuves et n’a rien à prouver, mais nous pensons qu’il y a un créneau libre sur le segment qu’il faut occuper avec Foton. Il existe une certaine clientèle qui n’est pas intéressée par le haut de gamme des pick up ; c’est à celle-là que nous proposons le Tunland. Pour moi, le pick up Foton vient en complémentarité au Hilux avec des positionnements respectifs différents.

•• Comment voyez-vous les futures évolutions de consommation du marché du pick-up ?
Le marché du pick-up, qui s’établit à 30 000 unités/an, est appelé à évoluer. Le pick-up vient répondre aux multiples besoins des activités des artisans, des fellahs et des activités dans le domaine des services, etc.

•• Comment, justement, allez-vous capter cette cible ; allez-vous tirer enseignement du Hilux, sachant que vous étiez derrière son succès ou avez-vous une nouvelle recette pour le Tunland ?
Justement, nous avons entrepris des actions en allant sur les lieux de travail de notre clientèle pour leur présenter notre nouveau challenger. Nous faisons campagne de proximité au niveau national. Une fois connu, il faut suivre avec tous les services pour ne pas décevoir. Quand on initie un marché, l’évolution est en courbe logarithmique.

•• Il est fait obligation à chaque concessionnaire d’investir dans l’industrie. Avez-vous déjà pensé comment investir le créneau industrie ; seriez-vous le premier à faire le montage des pick-up ?
Il n’y a rien à discuter, c’est la loi, nous devons nous y conformer. Nous sommes en train de nous préparer. Nous avons trois ans devant nous pour le faire. Nous avons les deux options, nous sommes en train de faire des études de faisabilité pour trancher sur l’un ou l’autre. C’est-à-dire, soit le montage des véhicules ou la fabrication des pièces de rechange. Nous concernant, nous serons à temps. Maintenant que c’est la loi qui l’exige, il faut se conformer ou disparaître. Et comme nous ne sommes pas prêts à disparaître, nous allons nous y conformer.

•• D’ici là, vous avez sûrement des objectifs de réalisation sur les trois années à venir…
Pour 2015, l’année de notre lancement, nous avions fixé comme objectif d’atteindre les 5 000 unités. Au rythme des dernières évolutions, on risque de ne pas pouvoir les atteindre. Tous les concessionnaires réunis continuent à vendre sur stock déjà disponible puisqu’il n’y a pas de commande depuis trois mois. Même si nous avons des objectifs à atteindre, pour l’instant nous sommes dans l’ attente du déblocage de situation.

•• Vous êtes positionné exclusivement dans un marché professionnel notamment de l’utilitaire, qu’en est-il du touristique ?
Foton est l’un des plus grands fabricants des utilitaires qui va du pick up aux grands poids lourds (camion ).

•• Justement, le marché algérien a changé, partant du constat des cinq dernières années où les Chinois ont vendu énormément sur la gamme chantier. Aujourd’ hui, le marché a évolué même si les asiatiques ont une bonne position, mais le marché reste dominé par les Européens ? Qu’en serait-il pour vous justement face à cet état de faits ?
Nous avons la marque premium, il suffit de la faire connaître. La marque Foton est un produit de qualité qui n’a rien à envier aux européens. Ce qui a fait une mauvaise image du produit chinois, ce sont les premiers importateurs qui ont opté pour le mauvais choix, petit, mauvaise qualité , ce qui a fait cette mauvaise image du produit chinois. Foton est un produit premium. Maintenant, notre problème est de le faire connaître. Le marché est de 400 000, dont 30% véhicules commerciaux. Si nous devons prendre des parts, nous devrions travailler plus pour lever ces a priori.

M. Cheboub

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One thought on “M. Abdelhamid Yala, Foton Algérie : « Il faut discipliner le marché mais pas le bloquer »”

  1. Mechiah dit :

    J’ai un problème à rouiba Alger ils ont perdu mon dossier au pré de la douane à chaque fois ils trouve une excuse

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