L’usine automobile à Tanger ne signe pas la fin du projet algérien

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L’aboutissement du projet Renault par l’inauguration, en début du mois de février, de son «usine géante à Tanger» n’a pas que fait polémique en France en vue des préparatifs d’une élection présidentielle sur le problème de délocalisation, il a semé au sein de l’opinion publique algérienne, notamment la presse et certains acteurs de la filière automobile, le doute d’une possible réalisation d’une autre usine supplémentaire dans un pays voisin qu’est l’Algérie. Pour rappel, le projet d’une usine Renault en Algérie date depuis la fermeture de l’usine de montage de Renault 4 à El-Harrach. De Renault à FIAT et puis à Renault et VW, avec qui la réaliseront les Algériens, quand et où ?… sont autant de questions récurrentes qui reviennent à la veille du premier évènement annuel automobile qui fédère tous les acteurs du marché, à savoir le Salon d’Alger.

 

Bien que la réalisation d’une usine automobile avec Renault ou autres, probablement VW en Algérie, soit encore au stade des négociations et ce, depuis 1975, date en ce qui concerne le constructeur français, la voiture made in Alegria risque de sortir des chaînes à l’ère de M. Benmeradi qui, d’ailleurs, se montre fermement rassurant dans une démarche cohérente au plan des investissements consentis tout autour de ce projet, à commencer par le dernier en date, à savoir le complexe de sidérurgie en partenariat avec les Qataris, en bonne voie, dans la zone de Bellara, aux côtés du site de 800 hectares proposé à Renault, en plus d’une dizaine d’hectares dégagés pour les sous-traitants qui pourraient se délocaliser à la faveur de ce nouveau pôle industriel naissant. Il y a lieu de rappeler qu’un programme d’appui financier pour le développement de la PME a été mis en oeuvre pour accompagner l’effort d’investissement des sous-traitants automobiles par la mise à niveau, et nous y reviendrons plus loin dans cet article.

Abatage médiatique

Effet d’annonce ou pas, où à diverses occasions plusieurs dates ont été avancées pour la sortie de la première voiture algérienne, depuis Temmar qui, dans le temps, avait annoncé la sortie d’une première auto dans sixmois, alors qu’aucun contrat n’avait été signé et, depuis, d’autres dates (2012-2014,…) et depuis, on a fait un pas en avant et deux voire même trois en arrière lorsque les négociations se sont gelées avant de reprendre en 2008. De ce fait, l’hypothèse d’une possible usine Renault en Algérie reste au demeurant dans le doute, depuis déjà l’ère de Pierre Dryfus, premier négociateur pour Renault pour une usine à Oran à 60% de taux d’intégration, quimine encore les esprits entrepreneuriaux dans le secteur de l’industrie automobile. Renault risque-t-elle de connaître le même sort que Fatia ? Non, nous dit-on du côté des pouvoirs publics. Les négociations ne sont pas encore closes et ne le pourront pas dans un marché automobile en phase de passer à ½ million de véhicules/an. Il vrai que lors de notre rencontre avec M. Benmeradi, à la veille du Salon d’Alger, ce dernier ne nous a pas annoncé encore la fin des négociations qui, probablement, se verra au prochain round avec les négociateurs de Renault, mais, néanmoins, il lève le voile sur une démarche entreprise depuis peu sur nos capacités à faire intégrer les PME algériennes dans un nouveau processus industriel normatif qui permettra une reprise en main du marché de l’automobile à travers des clusters auto mécaniques. «Le projet de réaliser une automobile made in Alegria est une priorité du gouvernement. Avec Renault c’est sérieux», nous le confirme, encore une fois, Mohamed Benmeradi. En tant que premier responsable du secteur de l’industrie, et comme pour rassurer en premier lieu l’ensemble de la filière automobile aujourd’hui, il s’est engagé dans la voie de réaliser une usine avec un taux d’intégration à terme de 50% et non dans une usine de montage, ce qui est chose simple. Le choix d’une usine automobile et non de montage avec un développement d’un tissu industriel n’est pas la voie la plus simple mais possible. Pour cela, un accompagnement financier est prévu à des taux variés allant de 30 jusqu’à hauteur de 100% dans la mise à niveau des PME industrielles existantes engagées dans ce processus. Il précise aussi qu’évidemment cela se fera avec un engagement de résultats des bénéficiaires. Cela résonne comme la fin d’une ère des aides sans retour d’investissements.

Tissu industriel désagrégé

Une cinquantaine de fabricants sur 350 sélectionnés ont reçu des experts Renault au sein de leurs unités ; un premier bilan,malgré que désolant, est loin d’être reluisant, soutient le ministre, mais pas décourageant et présente une explication, et des solutions sont localisées et adoptées pour réactiver celles existantes et les mettre au standard des constructeurs. Pour les contradicteurs qui se lanceront dans toute polémique et voudront influer sur certaines décisions et qui brandiront la carte de tissu industriel désagrégé, on leur dira que le constat a été déjà fait par les pouvoirs publics et que des mesures d’accompagnement de renouvellement dematériels et unités industrielles existent et qu’il y a des engagements du gouvernement dans ce sens (Lfc 2010).

Toyota Algérie, un précurseur dans la fabrication

Désormais, une nouvelle politique est en marche et commence à se clarifier. Si jusque-là, l’ancienne formule de s’engager dans un processus industriel après trois années d’importation automobile est rangée dans le casier, voilà qu’elle est de retour, sous une autre forme. Les concessionnaires automobiles, après avoir conquis le marché pendant plus de 10 ans, devraient mettre la main dans la poche pour investir. Si jusque-là ils n’étaient pas intéressés d’installer des usines enAlgérie pour, entre autres, «problème de rentabilité», soutient M. Benmeradi, ils devront désormais produire ou faire produire certaines de leurs pièces de rechange par la filière des sous-traitants automobiles algériens.

Nouvelles mesures à l’endroit des concessionnaires

Une batterie demesures réglementaires est actuellement en préparation à cet effet, en voie d’assurer un autremarché aux sous-traitants, à savoir celui de la pièce de rechange pour le compte des concessionnaires établis sur lemarché algérien depuis plus de 10 ans. En gage de garantie, le ministère nous informe que des conventions seront signées avec l’UPIAM et qu’un premier rapprochement avec cette dernière a eu lieu avec Nourddine Hassaïm, DG de Toyota Algérie, qui assure la présidence de l’AC2A, en vue de faire produire des pièces de rechange pour l’après-vente de Toyota. Il précise en direction de l’ensemble des concessionnaires dominant le marché automobile, qu’à partir d’un certain volume sur le marché, sans préciser le taux, ils seront concernés par l’obligation de fabriquer ou faire fabriquer une partie du consommable de pièces de rechange en Algérie. En ce sens, Mohamed Benmeradi compte méditer l’exemple du médicament qui a réussi à substituer à l’importation une production locale.

20.000 moteurs seront produits par EMO

Le processus est engagé. Le projet avec Daimler avance et se précise ; le premier camion sortira en 2013, selon les propos du ministre, et s’ensuivra le renouvellement total de la gamme SNVI dans les trois années qui suivront. Le même schéma industriel est toujours valable ; EMO de Constantine aura à charge, dans le cadre de son partenariat avec les Allemands, de produire 20.000 moteurs par an pour le compte de la SNVI, la nouvelle société ENMTP-LIEBHERR et l’unité de production de tracteurs.

K.A.

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