Les normes sont universelles, elles ne sont pas spécifiques à un seul pays
Sollicité par Hyundai Algérie à chaque lancement d’un nouveau produit destiné aussi bien au transport de voyageurs que de marchandises, M. Aïder, président de l’UNAT, est incontournable pour tous les conseils techniques ou conformité à la réglementation des produits à adapter au marché algérien. Dans cet entertien, il nous dresse l’état du marché et nous livre son point de vue sur le type d’initiatives de Hyundai, autant informatives que judicieuses, aussi bien pour le constructeur, par conséquent son représentant, que pour le transporteur.
L’auto marché : Avant tout, je vous demanderais de présenter à nos lecteurs votre organisation et son rôle ?
M. Aïder : En effet, je suis président de l’UNAT et en même temps transporteur. Primo, pour présider à la destinée d’une telle organisation professionnelle, il faut être de la profession, cela va de soi. L’adhésion ensuite est ouverte à tout transporteur où qu’il soit et quel que soit le nombre de lignes qu’il dessert. Donc de l’inter-wilaya, l’intra-wilaya ou de l’urbain ainsi que le transport de marchandises.
Vous êtes présent ici (en Corée) pour le lancement d’un nouveau bus. Pourrait-on savoir le rapport ou l’objet réel de cette visite ?
Je suis invité par la maison Hyundai pour la présentation du nouveau produit autocar. Deux bus ont été présentés dans la gamme Universe, que nous pensons et même souhaitons, sera fiable pour le pays.
Vous avez probablement une idée ou une connaissance par expérience du produit Hyundai, si c’est le cas pourriez-vous nous en faire part ?
Les bus Hyundai sont utilisés en Algérie par plusieurs transporteurs. Aujourd’hui, il est apprécié en tant que produit, mais il reste que la maison a des manques à gagner et doit s’améliorer au niveau après-vente et disponibilité des pièces de rechange.
Y a-t-il des remarques à faire sur les produits présentés ou ceux que vous avez déjà vus pour les faire adapter à la demande du marché algérien ?
Il n’y a pas tellement de remarques à faire. C’est un matériel qui n’est pas mal mais comme tout matériel roulant, il nécessite toujours des améliorations aussi bien en matière de confort qu’au plan technique.
On vous a remarqué un peu sceptique lors de la présentation de Universe, à quoi sont dues vos appréhensions ? Est-ce qu’il faut l’adapter ?
C’est un produit entièrement nouveau, qui est conçu aux normes européennes par rapport aux séries habituelles, donc mon attention est en effet toute focalisée sur les points nouveaux. Avec ce lot de nouveautés en équipements, que ce soit au niveau freinage ou boîte de vitesses ZF qui est montée, cela mérite bien cette attention.
Tout est nouveau dans Universe comparé à l’Aerospace que nous connaissons chez nous. Maintenant, le souhait que nous exprimons ici est que Universe assure la continuité voire même plus par rapport aux qualités que nous connaissons à l’ ancien produit Hyundai.
En se référant à l’Europe, les normes des constructeurs sont de plus en plus exigeantes, où situez-vous le marché algérien des transports ?
Les normes sont universelles, elles ne sont pas spécifiques à un pays. Le véhicule doit répondre aux normes de sécurité, de confort, d’économie et de rentabilité. C’est-à-dire, il doit consommer moins de carburant et moins de coût d’entretien. Ce sont là les paramètres communs à tous les marchés.
Snvi produit des bus euro2, alors qu’ailleurs on parle de l’euro4 et 5…
La norme euro2 est entièrement dépassée, actuellement euro3 est d’actualité mais en train d’être dépassée. Euro 4 est à l’essai pendant qu’on se prépare à passer à l’euro5. Toutes ces normes se vouent à l’environnement (pollution, effet de serre), on avance aussi dans les normes de sécurité.
Les constructeurs avancent à pas de géant alors que chez nous on demande toujours des produits adaptés, ce qui sousentend un petit prix, donc moins de technologies nouvelles.
D’après vous si en s’en tient au transport, c’est quoi un produit adapté ?
Ecoutez : un produit adapté est un produit raisonnable. Vous savez, on accuse un retard énorme en matière de maintenance. La norme euro 3 nous paraît déjà inaccessible. Nous n’avons pas le personnel qualifié. Déjà pour les normes supérieures, seuls les constructeurs détiennent encore la maîtrise.
Est-ce que demander toujours un produit adapté suppose rester à l’ancienne norme ?
Rester à l’ancienne norme n’est pas en soi une mauvaise chose, mais il ne faut pas qu’on s’y éternise. Déjà que l’Europe est en train de se détacher. Il faut qu’on arrive à suivre, qui dit nouvelles normes dit présence de l’informatique et de l’électronique. Donc il faut un niveau supérieur dans la formation et la maintenance. La formation de base existe, restent les formations spécifiques pour chaque produit. Aujourd’hui, notre constat est le suivant : même les constructeurs présents sur notre marché ont du mal à réparer les produits commercialisés. Donc passer à la nouvelle norme, suppose un transfert de formation sur les nouvelles technologies qu’elle recèle.
Le transporteur est un métier à part de celui de la repartion ou de la maintenance.
Vous semblez apporter un droit de regard sur les fiches techniques du véhicule qui sera présenté au marché algérien ?
Effectivement, on donne une impression au sens large. Pour ce qui me concerne, j’ai déjà fait part à Hyundai Algérie des mes impressions sur le premier car introduit en Algérie. Nos attentes concernant certains équipements, nous les exprimons chaque fois et nous insistons chaque fois sur le confort et la sécurité.
Ces deux termes sont souvent récurents, pourquoi ?
La sécurité concerne le bon comportement routier, par le module de freinage et la conception mécanique qui suppose une bonne direction, un bon ralentisseur, le confort, l’isolation phonique, de bonnes conditions de conduite sont aussi d’autres points d’intérêt et parfois, même s’il y a de mauvaises routes, il faut que celles-ci soient compensées par une bonne suspension, voici en détail ce que nous regardons.
Concernant la consommation, il faut que celle-ci soit réduite par des moteurs assez puissants qui conviennent aux véhicules adaptés, c’est-à-dire pour être plus précis, pour un PTAC de 16 tonnes mieux vaut mettre un moteur de 400 ch. qu’un 250ch. Plus on augmente la capacité, plus on augmentera la puissance et plus on obtiendra un rendement meilleur.
Qui dit puissance dit excès de vitesse, et celle-ci, selon le bilan officiel, est la cause des accidents de la route. Cela ne serait-il pas paradoxal ?
Oui, c’est vrai que l’excès de vitesse est parmi les causes des accidents de la route, mais il y a des causes plus graves comme, par exemple, l’état des routes et le fait que les conducteurs sont mal contrôlés par rapport à leur comportement sur ces mêmes routes. Les statistiques attestent que le pourcentage d’accidents des autocars est beaucoup plus faible relativement à celui des véhicules particuliers, mais quand il y a un accident des transports en commun, toute la presse en parle.
Dans le cas des accidents des transports en commun, il y a une part de responsabilité qui est due, par exemple, au fait qu’on n’aurait pas dû individualiser le transport avec l’accès, à travers l’Ansej, au transport par les fourgons. Au lieu d’avoir 1 500 fourgons, on aurait pu pallier le manque avec 200 autocars. On se retrouve en moyenne dans chaque wilaya avec 2 000 opérateurs. Je me souviens du J9 aux 18 places autorisé qui, lors d’un accident, il y a eu 35 victimes entre morts et blessés. Si les contrôles étaient stricts, il n’y aurait pas autant de victimes, et on aurait même pu éviter l’accident.
Quel état du marché des transporteurs établissez-vous ?
Le renouvellement du parc est obligatoire et arrivera avec toutes les facilitations accordées actuellement par l’Andi. En ce qui concerne les professionnels, ceux-ci seront d’un grand apport si les banques suivent. Le parc des transports en commun en général inclut le transport public des voyageurs (TPV), le transport pour compte (TPC) et le transport public de marchandises (TPM), il est estimé à 300 000 véhicules. Le TPV est actuellement de 55 000 véhicules et environ 100 000 pour le TPM. Il y’en a peut-être autant pour le (TPC).
Pour le mot de la fin, on vous demandera si vos remarques sont retenues sur ce genre d’initiatives, que Hyundai multiplie avant de lancer ses produits sur le marché ?
Nous avons une convention commerciale avec Hyundai comme avec d’autre fournisseurs. Notre avis sur le matériel Hyundai n’est pas en soi une obligation, mais si vous voulez, on a le devoir de regarder le produit qui va se vendre à nos adhérents. Donc, on doit informer honnêtement les transporteurs sur ces produits. En ce qui concerne nos remarques, on renseigne beaucoup plus sur le plan technique et sur la conformité à la réglementation en vigueur. Celui qui veut nous écouter aura gain de cause, et celui qui fait la sourde oreille, on lui dira que la concurrence fait rage.
Karima Alilatene
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